Ce 9 novembre débute la 4ème édition de la foire d’art et de design AKAA, Also Known As Africa, au Carreau du Temple jusqu’au 11 novembre. Cette année, le comité de sélection réunit des personnalités telles que Osei Bonsu, Nawel Slaoui, Didier Claès ou encore Bénédicte Alliot. C’est l’occasion pour The Art Momentum de rencontrer Bénédicte Alliot, directrice générale de la Cité internationale des arts de Paris, en compagnie du jeune artiste camerounais Jean-David Nkot, représenté à AKAA par la galerie Afikaris et ancien résident de la Cité internationale des arts.
T.A.M. : Jean-David Nkot, Bénédicte Alliot, bonjour ! Depuis sa première édition en 2016, la foire AKAA n’a cessé de faire la promotion des artistes et de projets mettant en avant le dynamisme et la créativité de tout un continent, ainsi que ses liens avec le reste du monde. Bénédicte Alliot, selon vous, pourquoi cette dimension internationale est-elle primordiale tant pour une foire telle que AKAA que pour une institution telle que celle que vous dirigez ?
B.A. : Bonjour, quel plaisir de me retrouver en conversation avec Jean David ! L’ouverture à l’international, et l’écoute à l’autre qu’elle induit, est absolument consubstantielle à un projet tel que celui porté par la Cité internationale des arts. En effet, la vision qui a prévalu à la création en 1965 de la Cité est toujours d’une brûlante actualité : celle de pouvoir accueillir dans des conditions correctes des créateurs et des créatrices du monde entier qui puissent venir travailler, échanger, et aller à la rencontre des autres, mais aussi des professionnels français et internationaux des arts et de la culture. Au 20e siècle comme aujourd’hui, Paris reste un carrefour où se rencontrent ces professionnels, mais aussi d’autres publics aux affinités intellectuelles qui viennent de partout. Le cosmopolitisme qui a très longtemps caractérisé Paris perdure encore, et la foire AKAA est un exemple récent fort, parmi d’autres, de cette vitale connexion de notre territoire avec le reste du monde. J’ajouterai que la Cité internationale des arts a toujours eu pour première mission de faire place à des artistes de toutes générations et toutes nationalités – y compris les artistes français. Cependant, il est clair que les types de programmes existant nous ont fait réaliser que toutes les scènes n’étaient pas représentées, ni toutes les disciplines. Il était donc essentiel de développer un nouveau projet pour la Cité qui s’ouvrirait à de nouvelles scènes, dont l’extrême diversité de celles d’Afrique subsaharienne, avec l’aide de partenaires, ou encore d’ouvrir des programmes à toute la France, dont l’outre-mer, qui était jusqu’ici, particulièrement absente de nos résidences.

T.A.M. : Jean-David Nkot, vous connaissez déjà Bénédicte Alliot puisque vous avez été résident de la Cité internationale des arts en 2018/2019. Quels souvenirs gardez-vous de cette expérience et comment cela a-t-il participé au développement de votre pratique artistique et de votre carrière ?
J.-D.K. : En effet je suis resté 3 mois à la Cité internationale des arts de Paris et j’y ai passé de très beaux moments d’échange. Que ce soit dans le déroulement de mon projet en lui-même, sur mon travail de peinture ou encore au niveau des différentes thématiques que j’ai pu développer ainsi que celles abordées durant les conférences organisées à la Cité. Chaque nouvelle expérience, chaque nouvelle rencontre m’a permis d’évoluer personnellement et professionnellement. Une très belle expérience durant laquelle j’ai eu l’occasion de rencontrer des artistes et des personnes formidables qui, d’une manière ou d’une autre, ont enrichi mon travail tant sur le plan plastique, intellectuel que social. Mais, cela n’a pas été de tout repos, les barrières de la langue m’ont joué quelques tours… Malgré cela, nous avons pu communiquer. Je dirai que mon passage à la Cité m’a permis de voir les choses autrement et de comprendre comment les autres pensent et perçoivent mon travail et plus largement : la place de l’art dans leur vie.

T.A.M. : Bénédicte Alliot, il me semble qu’il n’y ait pas de définition unanimement partagée de ce qu’est une ‘résidence artistique’ cela dit et pour rebondir sur le partage d’expérience de Jean-David, quels sont, selon vous, les éléments d’un séjour réussi à la Cité internationale des arts et dans une résidence artistique en général ?
B.A. : Il y a autant de résidences qu’il y a de programmes ou de centres, à dire vrai. Certains voudraient édicter des règles concernant ce qu’est une “vraie” résidence par rapport à d’autres modèles : je leur souhaite bien du courage. Je pense que notre richesse vient de cette diversité. Il nous faut continuer à apprendre à collaborer ensemble pour que l’artiste puisse pleinement travailler. La richesse des dispositifs d’accueil est incroyable, en France comme ailleurs. À la Cité, nous avons centré notre projet sur l’ouverture à toutes les disciplines, notamment les écritures, et dans nos nouveaux programmes nous avons à cœur de mettre en place un accompagnement spécifique auprès des créatrices et créateurs. Notre réseau de partenaires, essentiel, vient complémenter cet accompagnement. L’autre trait marquant, assez propre à la Cité, c’est de regarder à nouveau tout simplement l’endroit où nous étions, et de lui donner la place essentielle, vitale, et précieuse : accueillir simultanément, sur nos deux sites dans le Marais et à Montmartre, 326 artistes (et 1200 par an). Nous avons fondé une grande partie de nos actions pour créer du lien entre ces différents artistes, par divers biais, qui vont de la programmation culturelle très dense désormais dans nos murs, à des événements de convivialité qui rapprochent les uns et les autres, voire qui provoquent des rencontres, et des collaborations. Un autre élément, et je crois que Jean-David pourra le confirmer, c’est qu’une résidence est un moment très particulier en terme de temporalité dans le parcours d’un artiste car celui-ci peut, tout en étant à distance de son quotidien, prendre le temps de la réflexion, celui de l’expérimentation, et éventuellement d’une production, mais qui peut aussi rester en devenir. C’est également le temps du partage avec les autres, à une phase de la création encore fragile. En ne se figeant ni dans la définition d’un centre d’art, ni dans celle d’un lieu de diffusion ou d’un centre de conférences, la Cité internationale des arts accompagne des énergies créatrices. La réussite de l’accompagnement dans ce contexte découle d’une démarche humble. Enfin, nous nous devons de développer plus de partenariats pour in fine mettre en place des échanges de résidences croisés où les artistes viennent à la Cité internationale des arts, mais où des artistes qui passent par la Cité puissent aussi aller dans d’autres centres de résidences, en France ou ailleurs. Nous commençons à développer cela.
Pour ce qui concerne Jean-David, je peux vous dire que cette résidence a été importante, autant pour lui que pour nous. J’ai pu voir à quel point Jean-David a fait bouger les lignes sur son travail, la manière dont il a pu mettre à profit son réseau et l’agrandir. Il a non seulement exposé dans l’un de nos espaces mais aussi dans une galerie parisienne. Sa pratique a par ailleurs, beaucoup évolué et nous sommes restés en contact. Jean-David, qui est un travailleur acharné, m’envoie régulièrement par le biais des réseaux sociaux et d’internet, des informations sur son actualité (au Cameroun et à l’international), ainsi que des images qui me permettent d’observer l’évolution de son travail de plasticien. Nous gardons ainsi un lien permanent. C’est très important, car de notre point de vue (Cité internationale des arts) il est primordial de pouvoir suivre les artistes après leur résidence, lorsque cela est possible. Aussi, tant pour la résidence en général, que pour une foire comme AKAA, il n’y a pas de recette unique : il faut faire du sur-mesure avec les artistes, et il est de notre responsabilité de les faire connaître aux publics, professionnels ou amateurs qui viennent à la Cité (l’accès à la programmation y est gratuit), de médiatiser le plus possible ces nouvelles scènes et ces talents venus d’ailleurs.
J.-D.K. : En tant qu’artiste, je pense que la création dans le contexte d’une résidence dépend d’abord du résident lui-même, des objectifs qu’il se fixe pour l’évolution de sa carrière et le plus essentiel réside, à mon sens, dans les rapports personnels qu’il crée avec les autres participants ainsi qu’avec ceux qui ne sont pas artistes. Car avant tout, nous sommes des humains et ces liens que nous tissons avec les autres sont essentiels dans la réussite d’une résidence. La dimension socio-culturelle de l’endroit où nous nous trouvons est également un élément déterminant dans la réussite ou non du projet de résidence…
T.A.M. : Jean-David, c’est la première fois que vous participez à AKAA mais votre travail a déjà été montré sur d’autres foires à travers le monde (1:54 New York, Londres, Marrakech, Cape Town Art Fair etc.). Est-ce primordial, dans la carrière d’un artiste, de bénéficier de ces type de dispositifs, résidences et foires ? Pourquoi ?
J.-D.K. : Oui en effet cette édition de AKAA est ma première en tant qu’artiste exposant. Lors de mon dernier passage j’étais simple visiteur. J’ai pris conscience de l’importance de ce type d’expériences dans l’évolution de mon parcours aussi bien personnellement qu’ artistiquement, cela dit, et pour reprendre les mots d’Hervé Youmbi : “il faut être prêt et pour celui qui se dit être prêt, c’est déjà avoir un travail qui tient et qui est cohérent tant dans le discours que dans la technique”. Et je suis absolument d’accord avec lui et je rajouterai que le cadre de la résidence artistique autant que la foire, sont des lieux d’échange, de réflexion, de recherche, de remise en question sur sa pratique. Un moyen d’explorer d’autres pistes que l’artiste ne pourrait pas explorer dans son espace habituel, sans parler du fait que c’est le contexte idéal pour rencontrer d’autres professionnels de l’art comme des curateurs, critiques d’art, journalistes, etc.
Il est question de donner une forme de légitimité à ces corps déplacés, en déplacement, à travers des cartes imaginaires aux dimensions esthétiques et sociologiques
T.A.M. : Justement, Jean-David, quels sont les travaux que vous allez présenter lors de cette édition de AKAA ? Pouvez-vous nous en parler ?
J.-D.K. : Pour cette édition de AKAA, je propose une nouvelle piste de recherche qui reprend un sujet d’actualité ; celui de la condition de la femme dans les parcours migratoires. Ce projet intitulé (JUJU CONNECTION), trouve son origine dans une pratique nigériane qui consiste à forcer les femmes à se prostituer en Europe. Le fait d’exposer ce nouveau travail à AKAA est pour moi le moyen de présenter la suite du travail que j’ai commencé à développer dans le cadre de ma résidence à la Cité internationale des arts, et qui portait sur la question du corps et de l’espace, du processus de changement opéré lors de ces déplacements…
Pour en revenir à (JUJU CONNECTION) : ces filles sont soumises à des conditions de vie extrêmement dures tant sur le plan physique que psychologique. Il est question dans ce travail de donner une forme de légitimité à ces corps déplacés – en déplacement, à travers des cartes imaginaires aux dimensions esthétiques et sociologiques. Dans la continuité de ce travail, il y aura trois autres œuvres, trois portraits qui porteront sur ce que cela représente d’être un exilé dans le monde : s’interroger sur la façon dont les problèmes sociaux ont des répercussions sur les individus en documentant leur(s) histoire(s) et en tentant d’offrir une compréhension plus concrète du monde. Cette série de portraits sera le témoignage de ce sentiment d’incertitude que ressentent les réfugiés une fois ancrés dans leur espace d’accueil. Ils attendent l’obtention du statut de réfugiés mais finissent par devenir des ombres invisibles… C’est cette épouvantable perte de leur identité, accompagnée de nombreux traumatismes, que j’ai tenté de retranscrire.
T.A.M. : Dans nombre de vos œuvres, et notamment dans ‘Migrations, Transmigration’, vous évoquez les problèmes liés aux passages de frontières et notamment à l’obtention des visas. Est-ce important pour vous d’aborder ce sujet ? C’est un problème auquel sont régulièrement confrontés certains artistes, avez-vous été témoin ou personnellement expérimenté ce type de situation ?
J.-D.K. : Hum ! Voilà une question qui remue le couteau dans la plaie à chaque fois qu’on me la pose. J’ai toujours envie de sortir de mes gonds car je connais très bien toute la violence que l’on peut ressentir tout le long du processus de demande de visa. J’ai plusieurs fois essuyé des refus d’obtention alors que je comptais simplement honorer des invitations à participer à des événements en dehors du Cameroun. Avant l’obtention de mon visa pour la Cité internationale des arts, les première demandes ont été très dures et traumatisantes quand à chaque fois on te flanque la même réponse (motif n°9) : « votre volonté de quitter le territoire des Etats membres avant l’expiration du visa n’a pas pu être établie ». La première question qui vous vient à l’esprit c’est : de quelle volonté s’agit-il et comment la justifier ? Surtout lorsqu’on réalise que poser ces questions revient tout simplement à se heurter à un mur. C’est très frustrant. Ah ! Ça il faut le dire, ça fait mal très mal au point même que si vous n’êtes pas mentalement fort, cela peut vous décourager. Mais comme dit le proverbe : « ce qui ne te tue pas, te rend plus fort ». Et malgré tous ces refus, j’ai gardé la tête haute et j’ai continué mes activités en m’inspirant de cette situation comme prétexte de création pour aborder la condition de ces hommes, femmes et jeunes qui, ne pouvant pas supporter ces refus injustifiés et humiliants, font le choix d’emprunter d’autres chemins qui sont ceux que nous connaissons tous aujourd’hui : traversée du désert et de la mer Méditerranée…
Personnellement, je n’ai jamais souhaité aller vivre en Europe. Mon seul souhait reste de pouvoir me déplacer librement, faire ce que j’ai à faire et rentrer tranquillement dans cet espace que représente mon pays. C’est une expérience que je ne souhaite à personne.
B.A. : En effet, comme Jean-David vient de l’expliquer, il a eu beaucoup de mal à obtenir son visa mais nous avons toujours été très soutenus dans nos démarches, par l’Institut français du Cameroun en particulier et celui de Paris.
J.-D.K : Oui c’est une expérience que je ne souhaite vraiment à personne car cela fait toujours mal d’arriver au consulat et d’être confronté à cette grille tournante qui te dit littéralement : “nous n’avons pas besoin de vous”. Et comme si cela ne suffisait pas, parfois vous êtes en rang devant une petite fenêtre, dans l’attente de son ouverture, chacun priant en son for intérieur pour ne pas être dans la liste de ceux qui, au son d’un haut parleur, s’entendront prononcer leur nom et récupéreront leur passeport accompagné d’un document format A4 leur signifiant leur “non-admissibilité” dans cet espace des Etats membres “de rêve”.

T.A.M. : La créativité n’a normalement pas de frontières et pourtant dans la réalité les choses sont toutes autres. Cela m’amène à vous poser, Bénédicte, la question des ‘freins’ à la mobilité des artistes – africains en particulier, et de l’accessibilité à ce type de résidences qui a pour vocation, je le rappelle, l’accueil des artistes du monde entier. Le sujet est brûlant, l’artiste Barthélémy Toguo prône par exemple “un monde sans visas” : comment y faites-vous face et quels sont vos ressorts ?
B.A. : Pour poursuivre sur le problème de la mobilité des artistes, je dois dire que c’est un sujet au cœur de notre réflexion. D’une part, parce que nous ne proposons que des résidences temporaires, où les artistes viennent sur la base d’un projet, et qu’il nous faut penser à l’après-résidence… Aussi parce que Paris n’est pas la panacée ultime, et qu’il nous faut penser à ce que les artistes, internationaux surtout, puissent aussi circuler sur le territoire français pour aller à la rencontre d’autres artistes, d’autres professionnels – le réseau de résidences et des possibles est très grand en France. La question des visas est malheureusement de plus en plus rude, comme d’autres freins à la mobilité pour d’autres artistes : éloignement, taxes (pour les artistes d’outre-mer par exemple). Sur les visas, nous nous concertons avec des organismes publics et privés (comme c’est notre cas), des ministères, pour essayer de débloquer certaines situations dramatiques. Mon équipe et moi-même travaillons étroitement avec certaines représentations diplomatiques françaises à l’étranger pour tenter de faciliter l’obtention de visas. Leur soutien est crucial. Les visas doivent pouvoir être donnés plus facilement – la mobilité des artistes et des acteurs culturels ne peut se faire à plusieurs vitesses, tout le monde doit pouvoir voyager et travailler ailleurs de manière équitable.
J.-D.K. : Les frontières existent certes mais elles s’estompent plus ou moins lorsqu’il s’agit de transport de production créative, mais dès lors que le créateur s’invite dans la partie, bizarrement ces frontières s’installent à nouveau, comme pour nous signifier qu’on apprécie bien votre travail et ce que vous faites, qu’on est même prêts à l’exposer chez nous, dans nos espaces, mais pour ce qui est de vous recevoir en personne… là c’est une autre histoire ! Cette situation est très, trop fréquemment rencontrée par les artistes du continent Africain et tout particulièrement par ceux qui vivent et créent depuis le continent. Très peu d’artistes vivant sur le continent, peuvent prendre part aux événements qui parfois leur sont dédiés. En revanche, on peut admirer leurs créations sur les stands des galeries de renom. Cette situation est dérangeante et en tant qu’artiste, je trouve cela violent et injuste. Parfois c’est seulement à travers les photos postées sur les réseaux sociaux que l’on peut exister, en espérant que quelqu’un remarque votre travail ou encore, sur un événement où nous n’avons pas pu nous rendre, que quelqu’un prenne quelques photos pour pouvoir l’interroger ensuite : comment était l’événement ? Quelle était la réaction du public face à mon travail ? Est-ce qu’il y a eu des collectionneurs, des journalistes etc. Qui est l’acheteur ? Que lui évoque l’œuvre qu’il a acquise ? Le fait de nier le droit de se déplacer aux individus et aux artistes en particulier, c’est les empêcher de vivre pleinement des moments de partage, de réflexion, de conversation qui se créent autour de leur travail. Quelque part c’est les empêcher d’évoluer, presque nier leur existence. Cela me révolte.

T.A.M. : Bénédicte Alliot, vous êtes une femme engagée auprès des artistes et des Arts. En tant que membre du comité de sélection AKAA, avez-vous remarqué des artistes traitant également des problématiques liées à l’exil et aux migrations dans leurs œuvres ?
B.A. : L’exil, le déplacement et les migrations, sont en effet des sujets récurrents qui préoccupent nombre d’artistes exposés à AKAA, mais qui traversent également de nombreux projets d’artistes venus du monde entier, exilés, réfugiés, ou non. Cela nous concerne tous, cela nous regarde tous, et les artistes ont diverses manières de s’engager fortement sur ces sujets.
T.A.M. : Les résidences sont également les lieux où les artistes se confrontent à des environnements nouveaux et peuvent ainsi interroger leurs propres limites, qu’elles soient esthétiques ou théoriques et éventuellement s’en inventer de nouvelles. Les Rencontres AKAA ont justement pour thème cette année : “Inventer la ville.” Comment est-ce que cette thématique résonne dans vos projets respectifs ?
J.-D.K. : « Inventer la ville » c’est pour moi une invitation à découvrir, à mettre sur pied de nouveaux modèles d’esthétiques et d’urbanisation en intégrant ceux qui se créent, d’une certaine manière, avec les déplacements Ces nouvelles écritures qui permettront aux Hommes de vivre en harmonie avec soi et avec l’autre. Ainsi, dans mes projets, je m’efforce toujours de garder l’Homme au premier plan dans sa condition.
B.A. : La Cité internationale des arts est une cité dans la grande Cité qu’est Paris. Surtout, elle a vocation à être une fenêtre sur le monde, une interface avec la création se déployant sous toutes ses facettes. Comme je le disais plus haut, la Cité est un lieu d’expérimentation, et elle doit le rester : c’est un gage de liberté pour les artistes, quelles que soient leurs origines géographiques, à pouvoir y venir et y travailler et y échanger. Inventer la Ville, c’est aussi faire en sorte que la Cité puisse continuer à se transformer pour devenir un espace d’hospitalité pour toutes et tous les créatrices et créateurs du monde entier.
T.A.M. : En quelques mots, qu’ espérez-vous voir, découvrir ou partager durant cette nouvelle édition de la foire AKAA ?
J.-D.K. : Pour cette nouvelle édition j’espère voir une production artistique plus engagée socialement et politiquement !
B.A. : Découvrir des artistes, et partager l’émotion de ces découvertes toujours plus largement. Et poursuivre les échanges avec l’ensemble des acteurs fortement mobilisés autour de la foire AKAA pour faire vivre et rendre visible ces scènes extraordinaires et pourtant encore méconnues.
Une interview par Nadine Hounkpatin
Featured image : Jean David Nkot, “www.ghost of space__.com”, 107×110, 2019. Vue de l’exposition à AKAA 2019, Galerie Afikaris. Photo : MarynetJ
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